Les nouvelles complètes

J'envie le lecteur qui n'a lu encore que quelques-uns des contes de Maugham. Il va les avoir tous sous la main dans cette édition, les lire à ses moments perdus, à table s'il dine seul, après dîner si les programmes de la télé ne sont pas regardables, ou le soir dans son lit, la durée de lecture d'une nouvelle étant assez brève pour qu'il n'ait pas la tentation de raccourcir indûment celle de son sommeil. S'il veut bien me permettre un conseil amical, je l'aviserais de les relire après un certain temps. Il y trouvera, jetées çà et là comme par mégarde, des notations très éclairantes et très fines qui lui auront peut-être échappé d'abord, pressé qu'il était de courir au dénouement, et qui enrichiront et peut-être modifieront les sentiments que lui avait inspirés la première lecture. Car ces réflexions - sur le monde, sur les hommes, sur leurs passions et sur nous-mêmes -, c'est à chacun de nous de les faire, puisque le conteur, avec une réserve exemplaire, s'est bien gardé lui-même de les articuler.

Robert Merle.